Alors que j’échangeais avec un camarade gourmet à son retour de Hong Kong, j’ai pris conscience qu’il n’était pas évident pour un occidental de comprendre de prime abord tous les rudiments de l’exercice du brunch à la cantonaise. Étape incontournable de tout séjour sur le territoire, le restaurant de dim sum possède en effet ses propres codes et la barrière de la langue n’arrange pas les affaires des visiteurs. L’idée de cet article est de partager les clés permettant de profiter pleinement de l’expérience sans commettre d’impair !
Savoir quand aller boire le thé
Les déclinaisons occidentales de restaurants vaguement cantonais et nos habitudes alimentaires conduisent beaucoup à penser que les dim sum correspondent à des entrées chinoises que l’on commande pour le début de son déjeuner ou de son dîner. La réalité est radicalement différente. Les Dim Sum 點心 (qu’il conviendrait de retranscrire par Dim Sam pour les français) sont des collations très diverses, frugales ou copieuses, salées comme sucrées, cuites à la vapeur, au wok, rôties ou encore bouillies imaginées et cuisinées dans l’unique but d’accompagner la dégustation du thé. Tradition gourmande originaire du Guangdong, cette dégustation de thé intervient à toutes heures entre le petit-déjeuner et le goûter. Elle est l’occasion de se retrouver entre collègues avant de partir au travail, entre amies pour partager les derniers ragots du quartier et surtout en famille pour un moment de convivialité transgénérationnel. Historiquement, les cantonais se rendaient dans des salons de thé appelés « 上茶樓 Soeng Caa Lau » mais ce nom a progressivement disparu. Aujourd’hui, il est d’usage de dire que l’on « va boire le thé 去飲茶 Heoi Jam Caa ». Par extension, on désigne par 飲茶 Jam Caa tout le rituel consistant à boire le thé et consommer des dim sum.
Ce préambule est là pour rappeler que pour succomber aux charmes des dim sum, il vaut mieux s’y prendre de bonne heure. Les horaires varient quelque peu en fonction du type et du standing des établissements mais les restaurants spécialisés à Hong Kong et dans le Guangdong les servent communément entre 6h du matin et 17h de l’après-midi grand maximum. Les plus populaires comme le Pier 88 ou le mythique Lin Heung Tea House seront les plus matinaux tandis que les plus cossus comme le Tin Lung Heen se contenteront d’un créneau restreint débutant autour de 11h du matin. Le Jam Caa est d’ailleurs une excellente solution pour découvrir des tables d’exception à moindre frais. En revanche, même si ces restaurants sont ouverts le soir, ils ne proposeront pas de dim sum à leur carte. Cette dernière changera pour le dîner et fera la part belle à d’autres spécialités cantonaises plus onéreuses. Gares donc aux frustrantes et assassines déconvenues !
Précisons qu’il existe des exceptions. Depuis les années 2000, Hong Kong et d’autres villes asiatiques voient émerger des restaurants de dim sum d’une nouvelle génération. Portés par le succès d’enseignes comme Tim Ho Wan, ces nouveaux venus servent en continu une courte sélection de dim sum du matin jusqu’à tard dans la nuit. Ils sont d’abord là pour répondre à la forte demande touristique. Ils se veulent moins cérémonieux, plus dans l’air du temps et s’inscrivent dans un inéluctable phénomène d’occidentalisation des rythmes et usages alimentaires chinois. Ils restent encore une excentricité pour beaucoup de cantonais. Je force légèrement le trait mais manger des dim sum en fin de journée peut être jugé comme aussi incongru qu’un dîner français constitué de croissant, jus d’orange et café au lait. Pour autant, il ne faut pas croire que ces restaurants sont infréquentables, bien au contraire. Certains sont très décevants et leurs réputations surfaites mais d’autres peuvent se révéler particulièrement enthousiasmants. Je pense au hasard à Dimdimsum et même à One Dim Sum à Prince Edward qui a joui un temps d’une étoile Michelin.
Savoir demander une table
Débarquer la fleur au fusil dans un restaurant pour Jam Caa peut se transformer en grand moment de solitude. Les meilleures adresses sont prises d’assaut, surtout le weekend. Les salles sont immenses et grouillent de monde. Partez du principe que vous aurez à attendre avant de vous attabler surtout si vous êtes nombreux (mais aussi très peu nombreux). Les larges tables sont occupées des heures durant. Les petites pour deux personnes se comptent sur les doigts d’une main et sont reléguées dans les recoins du restaurant. Un serveur me dira un jour « Ça c’est les tables pour les Gwai Lou ! ». 鬼佬 Gwai Lou étant un terme péjoratif, pour ne pas dire raciste, désignant les étrangers à la peau blanche. Sympa.
Les uns sont venus à l’aube pour préempter une grande table, les autres vous passent sous le nez et rejoignent leur famille sur le tard, les enfants surgissent de sous les tables, les serveurs s’agitent dans tous les sens et les chariots quadrillent les allées à une cadence effrénée. S’y retrouver dans ce joyeux capharnaüm n’est donc pas toujours une partie de plaisir.
Les restaurants les mieux organisés auront prévu salles d’attente, comptoirs, tickets avec un numéro de passage et autres écrans géants pour prévenir les heureux élus. Le groupe Maxim’s est un exemple du genre. D’autres ont une vision plus anarchique des choses mais il est tout à fait possible de s’en sortir honorablement à la condition de savoir répondre à une unique question !
Quelque-soit le cas de figure, l’interlocuteur que vous arriverez bon an mal an à interpeller vous lâchera systématiquement un expéditif : « 幾多位 Gei Go Wai ? ». Il faut comprendre par ces trois mots la question suivante « Bonjour Madame/Monsieur, combien de personnes êtes-vous s’il vous plait que je vous prépare votre table ? ». Comme vous êtes pour le rapprochement des cultures et que vous voyagez soucieux d’apprendre quelques rudiments du dialecte local, vous devrez vous fendre d’une des réponses suivantes :
- 一位 / Jat Wai (prononcez « Yat Waï ») / 1 personne
- 兩位 / Loeng Wai (prononcez « Leung Waï ») / 2 personnes
- 三位 / Saam Wai (prononcez « Sam Waï ») / 3 personnes
- 四位 / Sei Wai (prononcez « Seï Waï ») / 4 personnes
- 五位 / Ng Wai (prononcez « Mm Waï ») / 5 personnes
- 六位 / Luk Wai (prononcez « Lok Waï ») / 6 personnes
- 七位 / Cat Wai (prononcez « Tchat Waï ») / 7 personnes
- 八位 / Baat Wai (prononcez « Bat Waï ») / 8 personnes
- 九位 / Gau Wai (prononcez « Gao Waï ») / 9 personnes
- 十位 / Sap Wai (prononcez « Sap Waï ») / 10 personnes
Pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec la prononciation ou qui ont juste des origines italiennes, vous disposez également de la possibilité de vous exprimer avec vos mains. Manque de chance, signer les chiffres est différent en Chine. Vous trouverez ci-dessous une indispensable illustration très facile à retenir avec tous les gestes permettant d’avoir la certitude de vous faire comprendre.
Savoir choisir le thé
Une fois assis, avant même que vous ayez eu le temps de consulter la carte ou de scruter les tables environnantes, il vous sera demandé de choisir le thé. Rappelons que c’est en principe l’objet principal de ce rituel cantonais. Les restaurants les plus haut de gamme auront une carte consacrée et vous laisseront un peu de temps mais dans la très large majorité des cas vous aurez à répondre à brûle-pourpoint sans plus d’information.
La question sera généralement formulée de la façon suivante : « 飲乜嘢茶 ? Jam Me Je Caa ? » (prononcez « Yam Mi Yé Tcha »). Il faut ici comprendre « Quel type de thé souhaitez-vous boire ? ».
Sans trop rentrer dans les détails aujourd’hui, les principaux types de thé servis dans les restaurants de dim sum sont les suivants :
- 烏龍茶 / Wu Lung Caa (prononcez « Wou Long Tcha ») / Thé Oolong
- 铁观音茶 / Tit Gun Jam Caa (prononcez « Tit Goun Yam Tcha ») / Thé Tie Guan Yin
- 水仙茶 / Seoi Sin Caa (prononcez « Seuil Sin Tcha ») / Thé de Narcisse
- 普洱茶 / Pou Lei Caa (prononcez « Po Leï Tcha ») / Thé Pu-Erh
- 香片茶 / Hoeng Pin Caa (prononcez « Heung Pin Tcha ») / Thé au Jasmin
- 菊花茶 / Guk Faa Caa (prononcez « Gok Fa Tcha ») / Thé de Chrysanthème
Vous n’aurez donc qu’à répondre par « 一壺 Jat Wu » (prononcez « Yat Wou ») suivi du nom du thé de votre choix. Le serveur vous apportera sans plus attendre une théière remplie et autant de tasses que de personnes à table.
Le choix du thé est d’abord une affaire de goût. Il n’existe pas de logique claire et partagée associant des thés à des familles de plats comme on le fait avec le vin. Retenez toutefois que l’on privilégiera un thé post-fermenté comme le pu-erh si le repas est gras et un thé semi-fermenté si le repas est plus léger. Les décoctions à base de plantes comme le thé au jasmin auront la préférence des enfants et des personnes peu habituées à l’astringence des infusions longues.
Le thé est facturé au nombre de convives quel que soit le nombre de tasses ingérées pendant votre repas. Il en coûte approximativement entre 10 et 30 HKD (entre 1.10 et 3.50 €) en fonction du standing de l’établissement et de la qualité des thés servis. Bien sûr, si vous optez pour plusieurs types de thé ou si vous réclamez de nouvelles feuilles, la note sera plus élevée.
Savoir décrypter la carte et passer commande
Les restaurants accueillant nombre de touristes ou situés dans les quartiers d’expatriés à l’ouest de l’île de Hong Kong disposent de menus retranscrits en anglais. Seulement, ils sont loin d’être majoritaires sur le territoire. Sans compter que si vous avez en tête de dénicher des adresses authentiques en dehors des sentiers battus comme je vous invite à le faire, il vous faudra vous y prendre autrement au risque de n’avoir que vos yeux pour pleurer devant une feuille de papier indéchiffrable comme celle-ci.
Pour commencer, une carte de restaurant de dim sum répond à une classification bien précise. Même si chacun à sa manière propre de les présenter, on retrouve toujours des catégorisations par taille de dim sum et par type de dim sum.
La liste des tailles de dim sum est la suivante :
- 小點 / Siu Dim / Les petits Dim Sum
- 中點 / Zung Dim / Les moyens Dim Sum
- 大點 / Daai Dim / Les grands Dim Sum
- 特點 / Dak Dim / Les Dim Sum spéciaux
- 頂點 / Deng Dim / Les Dim Sum très spéciaux
Cette classification par taille est un moyen d’avoir une légère indication sur le caractère rassasiant d’un dim sum mais elle sert surtout à établir une échelle de prix progressive et simplifier la facturation. Chaque catégorie (et non chaque dim sum) a un prix donné. Dans cette même logique, les deux dernières catégories sont là pour signaler les dim sum particulièrement coûteux car élaborés à partir des produits plus prestigieux comme le pétoncle, l’ormeau ou le pigeon.
La liste des principaux types de dim sum est la suivante :
- 蒸點 / Zing Dim / Les Dim Sum cuits à la vapeur
- 炒點 / Caau Dim / Les Dim Sum frits
- 煎點 / Zin Dim / Les Dim Sum poêlés
- 腸粉 / Coeng Fan / Les Rouleaux de riz
- 粥 / Zuk / Les Bouillies de riz (Congee)
- 甜點 ou 甜品 / Tim Dim ou Tim Ban / Les Dim Sum sucrés ou desserts
Cette dernière liste n’est pas exhaustive, juste un dénominateur commun. Certaines cartes sont plus complexes et vont distinguer les dim sum végétariens, les dim sum créatifs, les riz sautés, les spécialités du Chef, les dim sum à base de produits de saison ou encore les dim sum associés aux festivités chinoises. Même si la maîtrise de cette classification n’est pas la panacée, elle reste d’une aide précieuse.
Pour aller plus loin, sans non plus apprendre par cœur tous les noms de dim sum, je vous suggère de mémoriser quelques caractères chinois traditionnels clés comme :
- 魚 / Jyu / Poisson
- 蝦 / Haa / Crevette
- 肉 / Juk / Viande
- 豬 / Zyu / Porc
- 牛 / Ngau / Bœuf
- 雞 / Gai / Poulet
- 包 / Baau / Brioche
- 餃 / Gaau / Ravioli
Ma dernière astuce secrète est d’utiliser une application mobile de lecture et de traduction instantanée du chinois. L’Hanping Chinese Camera fait des merveilles en la matière. Rappelez-vous que plusieurs dim sum traditionnels portent des noms poétiques qui ne donnent strictement aucun indice sur leur composition. Une recherche rapide sur le net se révélera indispensable.
Si réellement vous avez une aversion pour les caractères chinois, votre salut ne pourra passer que par le présence de photos sur la carte ou de chariots dans la salle.
S’agissant des chariots ambulants, ils sont de moins en moins utilisés. Quoiqu’il en soit, le jeu consistera à attirer l’attention des serveuses et vous faire comprendre pour qu’elles vous montrent ce qu’elles ont à disposition dans leur roulotte à dim sum. Le temps de ces dames est compté et rares sont celles qui vont avoir la patience de vous ouvrir tous les paniers et vous laisser le temps de réfléchir. De plus, seulement une partie des dim sum sont accessibles de cette manière. Pour une sélection riche et éclectique, il sera indispensable d’en revenir aux conseils précédents.
Une carte se résume le plus souvent à quelques feuilles volantes disposées sur la table. Chaque table en compte plusieurs pour que vous puissiez passer commande autant de fois que vous le souhaitez. Nombre de restaurants proposent des dim sum différents en fonction de l’heure de la journée et donnent des indications à ce sujet sur leurs cartes. J’ai déjà passé 30 minutes à sélectionner savamment mes dim sum équilibrant la viande et le poisson, le sucré et le salé avant de me rendre compte que les 3/4 n’étaient pas disponibles à ce moment là…
Il ne vous reste plus qu’à indiquer en face du nom du dim sum la quantité souhaitée. Là aussi, il y a des pièges à éviter. Ne jamais faire de croix au risque de laisser penser que vous ne voulez pas de ce dim sum. Indiquez simplement le chiffre « 1 » pour une portion. Attention, le chiffre « 1 » doit être écrit avec un seul trait vertical. Écrit à la française, il sera pris pour un « 7 » et vous vous exposez à un déferlement de paniers non désirés sur votre table.
Savoir faire la vaisselle
J’ai déjà traité de ce sujet à l’occasion d’un article sur la consommation d’eau chaude à Hong Kong. Les hongkongais ont pris l’habitude de laver eux-mêmes assiettes, bols et baguettes avant de démarrer leur repas doutant de la propreté de certains établissements. Bien sûr, ce nettoyage est surtout réalisé dans les restaurants bon marché ou de rue. N’empêches que, même lorsque le restaurant parait irréprochable en matière d’hygiène, beaucoup continuent de s’adonner à ce curieux manège. C’est devenu un réflexe qui ne choquera évidemment personne et ne contrariera jamais les restaurateurs.
En conséquence, il ne faudra pas s’étonner de voir atterrir sur votre table une théière d’eau chaude ainsi qu’une grande gamelle. Elles sont exclusivement destinées à votre vaisselle. Chacun à ses petits trucs pour gagner en efficacité mais, en gros, la technique consiste à verser l’eau bouillante sur la vaisselle à l’aide de la théière et déverser l’eau souillée dans la gamelle. Ce n’est pas très compliqué mais cela peut prendre pas mal de temps !
Savoir choisir les sauces
Le nombre de sauces présents sur les tables des restaurants de dim sim peut être relativement conséquent. À disposition dans de petits bouteilles ou servis joliment dans des coupelles, ces sauces ont deux objectifs principaux. Le premier est de permettre de parfaire l’assaisonnement des dim sum selon son goût. C’est le cas de la sauce soja agrémentée de quelques graines de sésame que l’on ajoutera à sa convenance sur les Rouleaux du riz aux crevettes. Le second est de relever ou plutôt pimenter certains dim sum plus fades ou un peu trop gras. Dans ce registre, il existes plusieurs sauces et condiments très intéressants qu’il convient de détailler.
- 辣椒醬 / Laat Ziu Zoeng / Sauce pimentée
- 辣椒油 / Laat Ziu Jau / Huile pimentée
- 蒜蓉豉油 / Syun Jung Si Jau / Sauce soja à l’ail
- XO醬 / XO Zoeng / Sauce XO (Sauce à base de pétoncle séché, jambon cru, ail, piment,…)
- 辣豆瓣醬 / Laat Dau Baan Zoeng / Pâte de tofu fermenté au piment
- 芥辣 / Gaai Laat / Condiment à la moutarde (ou wasabi)
Ces différentes préparations ne sont pas toutes présentes d’emblée sur la table mais vous pouvez en faire la demande. La sauce et l’huile pimentées sont incontournables. Les autres sont proposées dans des établissements plus classieux.
Les Chefs accordent une importance croissante à la qualité de ces condiments. Ils les font maison et imaginent de nouvelles recettes originales ou s’associent à des artisans spécialisés de la ville. C’est ainsi qu’a été créée la sauce XO aujourd’hui largement répandue. Soyez vigilant car de plus en plus de restaurants facturent les sauces en supplément et pas de manière anecdotique. Quand la coupelle de sauce XO est au même tarif (35 HKD) que de savoureux Dumplings de Crevettes, il y a de quoi s’interroger.
Personnellement, je ne jure que par la diabolique huile pimentée que j’utilise à tort et à travers sur les mets à base de fruits de mer ou de viande. Difficile de vous établir une liste complète des associations les plus judicieuses avec chaque dim sum. Ce serait un travail de romain. D’autant qu’en la matière je prône la liberté quasi-totale !
Savoir demander de nouveau du thé
Il arrivera un moment pendant votre brunch cantonais où votre théière sera vide. Pour signaler que vous souhaitez la faire remplir, la pratique consiste à disposer le couvercle de la théière en travers. Les serveurs sur le qui-vive ne tarderont pas à s’approcher. C’est là qu’il sera nécessaire de dire « 加水 Gaa Seoi » (prononcez « Ga Seuil ») pour ajouter de l’eau chaude sur les feuilles déjà infusées ou alors « 加茶 Gaa Caa » (prononcez « Ga Tcha ») pour remplacer complètement la théière avec de nouvelles feuilles de thé.
Savoir dire merci
Pour faire le lien avec le service du thé précédemment évoqué, il existe en ces circonstances une manière bien spécifique de remercier la personne qui rempliera votre bol.
Une légende raconte que l’Empereur Qianlong sous la dynastie Qing était un grand voyageur et adorait parcourir son royaume à la rencontre de la population. Alors qu’il déjeunait incognito dans un restaurant, il fût impressionné par la dextérité du personnel en charge de la préparation du thé. Il voulut faire de même mais le résultat ne fût pas glorieux. Il se mit alors en tête de s’entraîner dans chacun des restaurants qu’il visiterait. Le problème est qu’il se retrouva à servir le thé aux gens de sa cour. Ces derniers devaient en principe s’agenouiller pour remercier leur Empereur mais il aurait été aussitôt démasqué. C’est ainsi que l’un d’entres eux eu l’idée de plier l’index et le majeur symbolisant une personne à genoux et de taper sur la table pour manifester sa gratitude. L’Empereur conservait son anonymat et les marques de révérence étaient respectées. Cette pratique a largement court aujourd’hui et vous verrez perpétuellement des chinois remercier leurs camarades de la sorte au restaurant.
De manière générale, la phrase passe partout pour dire « Merci » est « 唔該 M Goi » (prononcez « Mm Goï »). Ces mêmes mots signifient aussi « s’il vous plait ». Ils peuvent donc être aussi employés pour interpeller poliment les serveurs.
Savoir se comporter à table
Les us et coutumes sur les tables chinoises sont multiples et pas spécifiques aux restaurants de dim sum. Certains se perdent avec le temps mais les hongkongais restent très à cheval sur le respect de ces règles. Sans chercher à être complet, je vous propose d’énumérer celles qui me paraissent les plus utiles dans notre contexte.
- Ne pas se servir avec ses baguettes mais seulement avec les couverts et baguettes prévus spécifiquement pour le service.
- Proposer de servir ses voisins avant de se servir soi-même.
- Ne pas cibler de loin avec ses baguettes un dim sum en particulier parce qu’il parait plus appétissant. Il faut donner l’impression de faire son choix au hasard.
- Ne pas mélanger de sauce avec le riz blanc qui accompagne la dégustation des dim sum. Le riz blanc est là pour se nettoyer le palais. Sa relative fadeur est ici une qualité et se doit d’être respectée.
- Systématiquement finir son bol de riz. Le gâcher reste encore assez mal vu de nos jours.
- Manger à sa faim mais ne pas se goinfrer ou donner l’impression de faire d’excès.
Savoir demander l’addition
Après avoir fait bonne pitance, viendra l’heure de régler la note. Levez la main et adressez vous à un serveur avec un simple « 埋單 Maai Daan » (prononcez « Maï Dan »). L’addition vous sera aussitôt remise.
Pour la petite histoire, cette formule de « 埋單 Maai Daan » est sujette à de nombreuses spéculations sémantiques. Signifiant littéralement « Enterrer la note », l’expression semble dater du siècle dernier à une époque où restaurateurs et clients s’arrangeaient pour ne pas s’acquitter d’une nouvelle taxe mise en place par le gouvernement. D’autres explications plus imagées sont évoquées mais elles me paraissent un peu trop alambiquées pour être crédibles. Toujours est-il que cette formule joue sur l’homophonie être les caractères « 埋 Maai Enterrer » et « 買 Maai Payer ». Une fois n’est pas coutume, cette manière de demander l’addition a dépassé les frontières de Hong Kong et du Guangdong. Elle est aussi largement usitée en Chine continentale. Les cas d’influence linguistique dans ce sens étant tellement peu habituels que je me permets de le souligner.
Recommandations de restaurants à Hong Kong
Restaurants haut de gamme
Tin Lung Heen 天龍軒 – 1 Austin Road West, Kowloon – ritzcarlton.com
Lung King Heen 龍景軒 – Four Seasons Hotel, 8 Finance Street, Central – fourseasons.com
Yan Toh Heen 欣圖軒 – 18 Salisbury Road, East Tsim Sha Tsim – hongkong-ic.intercontinental.com
Fook Lam Moon 福臨門 – Restaurants à Wan Chai et Tsim Sha Tsui- fooklammoon-grp.com
YUE 粵 – City Garden Hotel, 9 City Garden Road, North Point – sino-hotels.com
Hoi King Heen 海景軒 – 70 Mody Road, Tsim Sha Tsui – hongkong.intercontinental.com
Yat Tung Heen 逸東軒 – 2/F, Great Eagle Centre, 23 Harbour Road, Wan Chai – yat-tung-heen.com
Kwan Cheuk Heen 君綽軒 – Harbour Grand HK, 23 Oil Street, North Point – harbourgrand.com
Restaurants populaires
Jade Garden 翠園 – Restaurants à Causeway Bay, Sha Tin, Kowloon Bay,… – maxims.com.hk
Pier 88 稻香超級漁港 – Restaurants à Mong Kok, Causeway Bay, Heng Fa Chuen…
Lei Garden 利苑酒家 – Restaurants à Central, Wan Chai, Causeway Bay et North Point – leigarden.hk
Maxim’s Palace 美心皇宮 – Restaurants à Tai Koo, Tuen Mun, Kowloon Bay,… – maxims.com.hk
Lin Heung Kui 蓮香居 – 46-50 Des Voeux Road West, Sheung Wan – linheung.com.hk
Tsui Hang Village 翠亨邨 – Restaurants à Tsim Sha Tsui, Causeway Bay et Central – miradining.com
Luk Yu Tea House 陸羽茶室 – 24-26 Stanley Street, Central
Carrianna ChiuChow Restaurant 佳寧娜潮州菜 – Restaurants à Wan Chai et Kowloon City
Choi Lung Restaurant 彩龍茶樓 – 2 Chuen Lung Estate, Route Twisk, Tsuen Wan
YinYue 殷悅 – 30/F, Panda Hotel, 3 Tsuen Wah Street, Tsuen Wan
Duen Kee Chinese Restaurant 端記茶樓 – 57-58 Chuen Lung Estate, Route Twisk, Tsuen Wan
Restaurants nouvelle génération
Dimdimsum 點點心 – Restaurants à Mong Kok, Jordan, Wan Chai et Sha Tin – dimdimsum.hk
One Dim Sum 一點心 – Restaurants à Mong Kok et Prince Edward
老點點心缽仔飯 – Restaurants à Yuen Long et Mong Kok
Ding Dim 1968 鼎點 – 14D Elgin Street, Central – dingdim.com
Prince Dragon 籠太子點心專門店 – 9 Cedar Street, Prince Edward
Sun Hing Restaurant 新興食家 – 8 Smithfield Road, Kennedy Town, Western District
Vous voilà fin prêts à écumer les meilleurs restaurants de dim sum de Hong Kong sans commettre le moindre impair ! J’espère que ces informations vous seront utiles. Si vous pensez à d’autres points pertinents que je n’ai pas mentionnés, n’hésitez pas à les partager en commentaire.