L’Auberge du Pont de Rethondes du Chef Ludovic Colpart

À une heure de Paris et au calme de la campagne picarde, L’Auberge du Pont de Rethondes est la propriété depuis une année du Chef Ludovic Colpart. Durant 28 ans, le charmant établissement situé sur la commune de Rethondes était en effet tenu par le Chef étoilé Alain Blot. Parti à la retraite, il a cédé sa place (mais pas son étoile) à ce Chef talentueux connu notamment pour être passé par les cuisines de plusieurs restaurants réputés dans l’Oise et pour préparer le dîner gastronomique du restaurant caritatif L’éphémère au profit de l’association Croq L’espoir.

Premières Impressions :

GPS dans les choux, 36°C à l’ombre, nous arrivons dans le paisible village de Rethondes rendu célèbre pour avoir été le lieu de signature des armistices de Novembre 1918 et Juin 1940. L’Auberge a profité d’un petit lifting à l’occasion du changement de propriétaire mais le charme de l’endroit reste intact.

La salle principale est vaste et décorée dans un style bourgeois aux couleurs pastèles. Celle-ci s’ouvre sur l’extérieur et permet d’accéder aux beaux jours à une jolie terrasse où quelques tables sont installées. Je déjeunerai ainsi au rythme du flottement des nénuphars et du vacillement des fleurs…

Au service, l’équipe est suffisante compte tenu du faible nombre de clients ce jour là. Même si je n’ai pas souvenir de réelles fausses notes, nous nous sommes sentis légèrement mal à l’aise (Peut-être que nous n’avions pas la bonne tête ni la bonne dégaine). Le service est peu communicatif et la carte est mal maîtrisée. Pour un restaurant qui vise l’étoile, il reste une marge de progrès pour transmettre un peu plus de passion et d’enthousiasme aux clients.

La Carte :

La construction de la carte de L’Auberge du Pont de Rethondes prouve que l’établissement se cherche encore. Quatre menus différents allant de 29 à 82 € et du Menu bistronomique au Menu dégustation. Notez la très bonne idée du Menu enfant. On comprend par cette carte l’ambition du Chef mais aussi le souci de rendre sa cuisine accessible et de remplir le restaurant grâce un menu d’appel attractif.

Au delà de ça, la carte est bien construite. Le choix est large et les compositions sont variées. Le Chef privilégie les produits de saison comme avec le Homard qu’il décline en raviole, en salade ou encore rôti. Les propositions oscillent entre classiques comme avec la Pièce de Rumsteck, Pomme Darphin, Sauce Bordelaise et créations un peu plus audacieuses comme sur le Ris de Veau, Rôti au Spéculos, Artichauts.

S’agissant des vins, la carte est courte et exclusivement française. La sélection joue les extrêmes avec de grands classiques de Louis Jadot et des vins plus confidentiels et tournés vers le bio comme le Viognier de Xavier Gérard.

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Le Repas :

Nous partons sur une sélection à la carte et à l’aveugle faute d’explications satisfaisantes. Nous sommes cependant plein d’espoir voir inconscients car nous avons commandé sans contrainte.

Joli amuse-bouche que ce Tartare de Concombre et Mousse de Betterave. Un peu de travail, de la couleur, de la fraîcheur et de l’onctuosité, une belle entrée en matière pour ce déjeuner caniculaire.

Pari osé avec cette Salade de Homard de L’Auberge du Pont de Rethondes facturée tout de même 52 € à la carte ! Visuellement, j’en ai pour mon argent. L’assiette est généreuse (quasiment un homard entier), l’ensemble est coloré et dressé avec délicatesse. J’aime beaucoup l’idée du homard sous plusieurs formes et cette pince de homard façon tempura très réussie. Sous la montagne de verdure, on découvre la queue de homard dont la cuisson est à mon sens un peu trop poussée. L’assaisonnement de la salade est convenu et manque de panache.

À coté, on reste sur le Homard avec cette Raviole et Légumes de Saison. Sentiment mitigé à première vue. C’est esthétique mais un peu enfantin avec des couleurs flashy et la petite fleur vraiment too much. Il y a tout de même du bon dans cette assiette à commencer par la sauce très puissante en goût et d’une texture parfaite. La raviole est moins convaincante. Manquant de raffinement, nous tiquons notamment sur l’excessive épaisseur de la pâte qui gâche la fête.

Le Veau, Basse Température, Raviole de Homard est sans grande fausse note. Une viande bien cuite et une série de légumes comme les asperges très bien travaillées. On retrouve la raviole de homard avec les mêmes qualités et défauts. L’agréable surprise est venue de la sauce. Elle est nette, lustrée et puissante. Voilà l’un des points forts de la cuisine du Chef Ludovic Colpart.

Le second plat répond au nom de Turbot et La Lotte, Comme une Bouillabaisse. Nous avons vraiment été mal conseillé car ce plat est exactement dans le même esprit qu’une des entrées. Enchaîner ces deux assiettes de poisson abusivement copieuses n’était pas la meilleure des idées. Certes les poissons nobles sont bien là et en nombre mais la sauce masque toute leur subtilité. Dommage, il y avait de l’idée à l’image la mousse de laitance de lotte.

Les plats sont accompagnés d’une Purée façon Robuchon. J’ai trouvé celle-ci très bien réalisée prouvant une nouvelle fois que le Chef ne manque pas de ressources et de techniques.

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Ludovic Colpart, de par sa formation, ne néglige pas les desserts et ose des créations pâtissières complexes. Beaucoup de propositions de la carte étaient alléchantes comme la Religieuse revisité, fraise, chocolat blanc, citron ou le Tartelette soufflée au chocolat, parfait glacé, caramel au beurre salé.

En recherche de fraîcheur et de légerété, je me suis plutôt laissé tenter par Le Cassis en Osmose avec le chocolat de Cuba millésimé. Derrière ce libellé quelque peu pompeux se cache un dessert tout aussi alambiqué. Personne ne niera la beauté de cette assiette. Une beauté presque m’as-tu-vu avec la volonté sous-jacente de toujours impressionner par la technique. Au final, ce n’est ni plus ni moins qu’une déclinaison de cassis en coulis, mousse et glace, une coque en chocolat et un biscuit dacquoise. J’avoue que ce style de cuisine me laisse de marbre. Je suis beaucoup plus impressionné par le choix d’une association audacieuse que par une série de points rouges déléguée sans doute à un apprenti. Quoiqu’il en soit, tout ça reste bon mais n’amène pas l’émotion que l’on vient chercher dans ce type de restaurant.

Bilan :

Faut il y aller ? Cette expérience à L’Auberge du Pont de Rethondes aura été en demi-teinte. Un très bel environnement, idéal pour un déjeuner au soleil, mais un service distant et sans chaleur. Même sentiment sur la cuisine. Le Chef a une grande technique et fait tout pour que ça se voit. Pour autant, malgré des produits de qualité et des assiettes visuellement magnifiques, je suis resté quelque peu insensible à cette cuisine qui privilégie l’esthétisme à la qualité des assaisonnements et des associations de saveurs. Nous verrons prochainement si les inspecteurs du Michelin auront eu plus d’émotion que moi…

Avec qui ? Pour un repas en amoureux au calme.

Y retourner ? Si je suis dans le coin, je serais tout de même curieux de goûter le menu bistronomique qui est sans doute une bonne affaire.

La clientèle ? Pas grand monde ce jour là.

C’est cher ? Il y en a pour toutes les bourses grâce à des menus à tous les tarifs. À la carte, on grimpe vite à 100 € par personne. J’ai trouvé ça cher. Il y a peut-être un meilleur équilibre à trouver sur les proportions et les prix des plats de la carte.

Informations :

Auberge du Pont de Rethondes

21 rue du Maréchal Foch 60153 Rethondes

Tél. : 03 44 85 60 24

aubergedupont-rethondes.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

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